Les attentes (trop) élevées ne sont pas toujours utiles. Voici quelques conseils pour un entraîne- ment ciblé et conscient, qui vous permettra de mieux traverser la saison de tournois.
Je joue au golf depuis mon plus jeune âge, je me suis prise de passion pour ce sport autour de mes 5 ans. J’ai passé du temps seule au driving range à taper des balles avec mon petit fer 7 McGregor qu’un ami de mon père avait taillé dans son garage. Un club en acier regular adapté à ma taille, car à l’époque il était très difficile de trouver du matériel pour les enfants en bas âge. Fort heu- reusement, les choses ont changé! Et dire que j’en ai fait mon métier me remplit de fierté.
Issue d’une famille sportive, je suis rapidement devenue élève de l’école de golf durant le printemps et l’été. En hiver, j’étais au ski-club. Très jeune, j’ai participé à mes premières compétitions de ski. J’ai donc été habituée très vite à m’en- traîner pour devenir plus performante et compétitive.
tration de la contre-performance, la peur de décevoir mon entourage, ou encore la déception de m’être donné de la peine pour rien... Ce n’était pas toujours évident à l’époque, car la santé mentale ou la gestion du stress ne faisaient pas encore partie des programmes d’encadrement.
Toute ma jeunesse a donc été rythmée par des entraîne- ments physiques à l’intersaison, des stages intensifs, des corrections techniques apportées par les coachs et surtout la motivation de toujours faire mieux! Sans la passion du sport, tout cela n’aurait jamais été possible.
A l’adolescence, j’étais en classe ski-études, j’ai eu des volumes d’entraînement importants à ski. Dans le même temps, j’ai fait partie des jeunes cadres golf de ma région, j’étais conviée aux stages hivernaux de golf avec les autres membres du team junior élite. J’ai compris très rapidement que j’allais devoir être au niveau sans avoir pu taper une balle pendant plus de deux mois! Et c’est de là que tout est parti.
Force est de constater que j’ai réussi à garder ma place dans l’équipe malgré tout. Ma solution a été de toujours privilé- gier la qualité de mes entraînements et non la quantité, faute de temps. Par ailleurs, la notion de plaisir et le goût de la compétition ont été des moteurs indispensables. Cela définit également la structure de mon enseignement: apporter une trame systématique, des exercices adaptés, un feedback vi- déo après chaque séance et autant de carnets pédagogiques pour partir sur de bonnes bases et s’évaluer correctement.
«S’ENTRAÎNER C’EST BIEN ... BIEN S’ENTRAÎNER C’EST MIEUX!»
Avant de me lancer dans la rédaction de cet article, j’ai fait un petit sondage auprès de mes élèves en leur demandant quel thème pourrait les intéresser. La majorité a répondu: le mental, la gestion du stress. J’avoue avoir été assez surprise de prime abord, moi qui m’attendais au traditionnel «com- ment contrer le slice au drive». Trêve de plaisanterie ... j’ai bien conscience que nombre de golfeurs sont en proie au doute, les meilleurs y compris! A la différence près que les joueurs d’élite ont un plan d’entraînement avec des objectifs à court, moyen et long terme et mettent en œuvre les moyens nécessaires pour parvenir à les réaliser.
Ou comme a dit Tiger Woods: «No one is going to give it to you. You got to earn it and that earning it, that’s part of the fun.» Même la potion magique d’un Tiger Woods reste donc le travail et l’entraînement.
Pour gagner en confiance, je n’ai hélas pas de recette ma- gique à vous donner. En revanche, comme j’en ai fait l’expé- rience plus jeune, il faut structurer vos séances afin de pou- voir les rendre plus productives et surtout les mettre en rapport aux situations que vous allez rencontrer sur le par- cours. A ce propos, je vous recommande de lire attentive- ment le livre «Chaque coup doit avoir un objectif», de Pia Nilsson & Lynn Marriot.
SUR LA CORDE RAIDE
Je constate régulièrement lors des parties accompagnées que les attentes des joueurs sont très élevées par rapport à leurs véritables capacités. Ceci par manque de stratégie ou bien parce qu’ils visent à tout prix le coup parfait.
C’est un constat qui peut sembler un peu dur, mais si vous voulez maîtriser l’ascenseur émotionnel et le grand huit des émotions, il faut réfléchir au coup d’après. Car la limite entre l’exécution d’un coup parfait et un coup catastrophique est mince. Le grand Jack Nicklaus à appliqué cette stratégie tout au long de sa prodigieuse carrière.
La quête du coup parfait qui peut se transformer en un coup catastrophique est une stratégie de «quitte ou double», et à ce petit jeu vous risquez de vous brûler les ailes. Non pas qu’il faille toujours jouer la sécurité, mais vous questionner sur votre savoir-faire me paraît perti- nent. Avez-vous déjà testé ce coup à l’entraînement ou en leçon avec votre professeur?
S’ÉVALUER SOI-MÊME
D’autres questions s’imposent. Par exemple: «Vous êtes- vous évalué dans tous les domaines de jeu? Putting, chip- ping, wedging, bunker, coups de fer, coups de bois, balles à effets et gestion des trajectoires en fonction des condi- tions de jeu? Connaissez-vous vos points forts et vos fai- blesses? Tenez-vous des statistiques de jeu? Avez-vous une routine d’échauffement? Vos séances d’entraînement sont-elles suffisamment variées?» Autant de questions que je vous recommande de vous poser pour ensuite dé- finir un plan ajusté avec votre professeur, en fonction de vos besoins et objectifs.
A tous les niveaux, même si l’on me dit que le plaisir reste l’essentiel, on passe toujours une meilleure journée en ayant bien joué. Combien de fois vous est-il arrivé de saluer un joueur en lui demandant comment il allait et qu’il (ou elle) vous rétorquait spontanément «je ne sais plus jouer» ou «j’arrête le golf», plutôt que de répondre à la question? C’est assez drôle quand on y réfléchit.
On peut aussi voir les choses comme Sir Nick Faldo, vain- queur de six Majeurs: «Au golf ce n’est pas la qualité des bons coups qui compte, c’est la qualité des mauvais coups.» Cet adage montre que les meilleurs professionnels du monde sont assez lucides pour comprendre que la probabilité de faire un coup exceptionnel est faible.
Cela fait plus de trente ans que je joue au golf et j’enseigne depuis 2003. Je n’ai pas de formation en programmation neuro-linguistique (PNL) ou en sophrologie. En revanche, ces années d’expérience et de rencontres m’ont beaucoup appris sur moi-même et le genre humain, sur la capacité à gérer ses émotions et à accepter l’échec. Nous sommes tous différents et devons chacun trouver les solutions à nos pro- blèmes. Mais une chose me paraît fondamentale: notre état d’esprit peut se travailler comme un muscle et il faut l’entraî- ner quotidiennement. Rester positif et patient, essayer de faire de son mieux en ayant conscience de son niveau et des ses objectifs.
Pour résumer, le golf m’a tout donné et continue de le faire, car nous n’avons pas encore fini notre aventure ensemble. J’ai toujours du plaisir à progresser dans ce jeu tellement riche qui me prend aux tripes et que j’adore. Il m’a appris l’humilité, l’opiniâtreté, la créativité, le fairplay et mille autres valeurs qui ont fait de moi ce que je suis devenue. Donnez-vous les moyens de devenir le golfeur/la golfeuse que vous rêvez d’être, faites-vous accompagner de votre professeur et de personnes compétentes en la matière. Evi- tez d’écouter les conseils - même bienveillants - de vos amis qui croient tous avoir la solution ou la bonne astuce pour vos mauvais coups!
6 CONSEILS PRATIQUES
1. Faites le bilan de vos c ompétences dans tous les domaines de jeu.
2. Définissez vos points forts et vos faiblesses.
3. Définissez une stratégie d’entraînement: qualité contre quantité.
4. Chaque coup doit avoir
un objectif à l’entraînement pour faire sens.
5. Définissez des routines qui vous permettent de vous calmer en cas de stress.
6. Jouez avec un «mindset» positif. Le golf n’est qu’un jeu.
Comments